Manchester City aura donc déboursé la bagatelle de 53,8 millions d’euros pour le transfert d’Eliaquim Mangala. Comment se fait-il alors que Porto n’ait reçu « que » 30,5 millions d’euros dans cette affaire ? C’est l’occasion de se pencher sur le système pour le moins obscur des Third Party Ownership (TPO).
- l’excellent Cash investigation (Foot business : enquête sur une omerta) de France 2
- ainsi que cet article publié sur Ecofoot
Le principe des TPO : tout le monde il est heureux
Dans un TPO, des sociétés achètent une partie des droits économiques d’un joueur. Ainsi, Porto achète Mangala pour 7 M€ en 2011. Le club cède ensuite 33 % de Mangala (soit approximativement deux mollets, les pieds et une paire d’avant-bras) au fonds d’investissement Doyen Sports.
En revendant le défenseur français un gros 50 M€, tout le monde est content :
- Doyen Sports, parce qu’il effectue une plus-value colossale ;
- Le FC Porto, parce qu’il revend très bien un Mangala qu’il avait acheté 33 % moins cher ;
- L’agent du joueur, parce qu’il touche une commission en or sur ce transfert en or ;
- Eliaquim Mangala lui-même, parce que, euh, dites-moi pourquoi il serait pas content ?
Éthique, valeurs du sport et blanchiment d’argent
Passons rapidement sur le fait que le joueur soit considéré comme un objet ou du bétail. Il est « détenu » en partie par un fonds d’investissement ? C’est moche, mais les footballeurs concernés ne semblent pas s’en émouvoir. D’ailleurs ils ne paraissent tout simplement pas être au courant de qui les possède.
Le vrai problème, à mon sens, c’est qu’on ne sait pas qui se cache derrière ces fonds d’investissement. La mafia corse ? Des marchands d’armes ? Le président d’un club rival ?
Résultat :
- C’est peut-être de l’argent sale qui nourrit ces opérations ;
- Un même fonds détient peut-être des joueurs appartenant à des clubs rivaux. Conflit d’intérêt bonjour !
De toute évidence, l’investisseur pèse de tout son poids pour éviter qu’un joueur aille au bout de son contrat. Il quitterait alors le club sans indemnité de transfert, ce qui serait ballot. Mais il est impossible de prouver l’influence exercée par le fonds d’investissement sur le club, donc la Fifa ferme les yeux.
Ce montage financier « peut générer (…) une économie souterraine », comme l’indique Frédéric Bolotny, économiste du sport, dans cet article paru sur le site de l’Huma. Il est interdit en France, comme en Angleterre et en Pologne. Et si on généralisait son interdiction ?
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